Interview 2018 : Raphaël Garnier

Rencontre avec l’artiste Raphaël Garnier pour en savoir plus sur Art’bracadabra – son ambitieux projet aux éditions Amaterra !

Découvre les ingrédients magiques de l’œuvre d’art. Un livre animé pour découvrir l’œuvre d’art en s’amusant.

Mes Premières Lectures : Bonjour Raphaël et merci de prendre la parole sur notre site ! Pour commencer, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre parcours pour nos lecteurs et lectrices ?

Raphaël Garnier : Bonjour et tout d’abord merci de mettre un peu de lumière sur ce projet qui me tient à cœur.  Nous avons travaillé dur pour que la magie soit réelle.

J’ai une formation de graphiste mais je me considère aujourd’hui plus comme un artiste « designer ». J’intègre le graphisme dans ma production artistique, au même titre que la sculpture, le dessin, etc. J’ai beaucoup travaillé pour la musique et la mode, et depuis quelques années je m’oriente plus vers des projets dit culturels. Je dépends donc de l’envie des centres d’arts ou encore des écoles pour me faire intervenir. Mon travail étant essentiellement formel, c’est tout naturellement que je me dirige vers l’univers de l’enfance et la littérature jeunesse.

Mes Premières Lectures : Vous venez de publier votre premier livre aux éditions Amaterra : Art’bracadabra. Il s’agit d’un livre animé pour découvrir l’œuvre d’art, tout en s’amusant. Ce livre est adapté des films d’animation que vous avez réalisés pour « Mon œil », la web série du Centre Pompidou pour les enfants. Pouvez-vous tout d’abord nous présenter ce travail ?

Raphaël Garnier : La commande du Centre Pompidou était libre et très ouverte. Nous devions aborder des sujets qui représentaient le Centre de près ou de loin. J’ai dans un premier temps souhaité traiter de l’Art Moderne qui est le mouvement dans lequel je me retrouve, notamment pour son esprit nouveau mais aussi à l’opposé, sa connexion avec les Art Primitifs. Je me suis mis en quête de citations d’artistes de ce mouvement pour pouvoir illustrer leur œuvre sans jamais la montrer. Malheureusement les citations n’étaient jamais à la hauteur des œuvres et inversement. Je suis reparti à zéro et je me suis demandé comme toujours, ce que j’avais réellement envie de faire, sans penser à la commande, sans savoir où je vais mais en suivant mon intuition. Je me suis dit que j’aimerais faire une vidéo juste avec des points. J’avais alors en tête les premières expérimentations en animation.

Mon premier coup de cœur artistique est la série de films d’animation de Serge Danot « Le Manège Enchanté ». Ce que j’aime dans cette merveille c’est de pouvoir créer avec 3 bouts de papier. J’ai donc voulu partager ma sensibilité en montrant que nous pouvions créer avec très peu de choses. D’abord avec des points. Puis je voulais faire une vidéo avec des lignes seulement, ensuite pourquoi pas juste des formes, et la série s’est construite toute seule comme une pelote de laine que nous déroulons. Aussi simplement, une chose en appelant une autre.

La série allait évoquer les éléments constitutifs d’une œuvre d’art (pictural). Une fois que j’ai eu mon projet en tête, il me fallait trouver la voix-off parfaite. En discutant de mon projet avec un ami, il se trouvait que son beau-père faisait justement des voix… J’ai eu la chance de découvrir le travail d’Éric Borgen par hasard. Magique. Pour la musique j’ai laissé carte blanche à un ami génie, Livio Mosca. Le résultat des premières maquettes était tellement bon que nous les avons gardées.

Mes Premières Lectures : Comment ce projet de livre-objet est-il né ?

Raphaël Garnier : Les éditions Amaterra m’ont contacté assez rapidement après la diffusion des épisodes. J’avais de mon côté déjà pensé à une adaptation mais avec un livre par épisode. Leur projet était plutôt de faire un livre qui réunirait l’ensemble, ce qui était plus judicieux. 

Je ne souhaitais pas singer les vidéos avec des systèmes pouvant imiter les animations. Un livre est une succession de pages que l’on tourne, donc il y a déjà un rythme, un enchaînement de surprises. Enfant, j’adorais les volets dans les livres, les petits éléments cachés que nous découvrons. C’était très excitant. Je ne me suis pas privé d’en utiliser pour Art’bracadabra.

 


Mes Premières Lectures :
Comment avez-vous procédé pour définir et proposer les 10 composants d’une œuvre d’art ? Certains vous ont-ils parus plus difficile à définir et cerner pour un jeune public ?

Raphaël Garnier : Comme je le disais précédemment, la liste s’est faite très rapidement et naturellement. Le composant le plus compliqué à représenter fut le dernier, la perspective. C’est une notion assez complexe à expliquer par rapport à un point ou une ligne. Mais j’ai trouvé une échappatoire avec le « point de fuite » qui nous ramenait au premier composant. Il y avait une évidence.

 


Mes Premières Lectures :
Vous employez plusieurs expressions et évocations très poétiques pour illustrer ces notions telles que « La ligne est un lasso pour attraper la forme » ou encore, ma préférée, à propos de la ligne « elle est une course sur le papier, empruntant des chemins qui n’existent pas encore ». Comment avez-vous travaillé le texte et les visuels d’Art’bracadabra ? Car il contient également de nombreux systèmes à découvrir !

Raphaël Garnier : La poésie est très importante dans mon travail car il est toujours question pour moi de retranscrire des sensations, des émotions. Je ne souhaitais pas faire un travail didactique – par exemple expliquer la synthèse soustractive des couleurs. Non, ça les enfants vont l’apprendre à l’école. Je considère qu’il y a une réelle forme de magie dans la création. Je voulais sensibiliser les enfants et les spectateurs en général à cette forme de magie. La poésie permet d’élever le discours, d’amener le lecteur à faire des associations d’idées, cela laisse une place à l’interprétation et stimule l’imagination.

J’ai commencé par écrire les textes bien avant d’avoir l’aspect visuel en tête. J’ai cherché des images qui pouvaient emmener le spectateur bien au-delà du sujet traité.  C’était un gros travail d’écriture et de ré écriture que j’apprécie. À l’instar de mon travail graphique, il s’agit d’associer des éléments pour évoquer, créer autre chose. J’ai relu « Théorie de l’art moderne » de Paul Klee ou encore « Prestiges de Matisse » d’André Verdet. Deux ouvrages que je conseille pour se plonger dans la poésie des formes et des couleurs.

Pour les visuels je me suis simplement amusé en restant dans mon écriture et ma grammaire de formes habituelles. Pour les systèmes, j’ai travaillé avec Romain André des éditions Amaterra.

Mes Premières Lectures : Quels conseils donneriez-vous aux artistes en herbe qui nous lisent ?

Raphaël Garnier : Il est assez difficile de donner des conseils. Je pense que la création est avant tout une question de visions, d’ouverture d’esprit et de sensibilité. Plutôt que de commencer à apprendre à dessiner, je conseillerais une promenade à la campagne. Parcourir les bois, traverser les champs, observer les pierres, le lichen et la mousse, la première source d’inspiration est la nature. Dans tous les domaines de la création la chose la plus importante, avant de savoir dessiner, c’est l’imagination. Il faut nourrir son imaginaire de toutes les façons. Celui-ci finira par bouillonner et ne demandera qu’à s’exprimer par exemple sur une feuille de papier, par le dessin ou par tout autre moyen d’expression.

Mes Premières Lectures : Quels sont vos projets actuels ou à venir ? Nous espérons d’autres livres !

Raphaël Garnier : Je travaille actuellement sur une exposition de dessin à la galerie Ravisius Textor de Nevers à partir du 15 décembre. J’ai en préparation un livre de coloriage avec les éditions Paperole de Montréal.

Bien entendu j’ai d’autres projets de livre pour enfants. J’ai déjà écrit un conte sur la naissance des saisons sur lequel j’aimerais travailler l’année prochaine. Je souhaite introduire petit à petit des personnages dans mes dessins. J’en ai un qui s’appelle Filou, qui est fin comme un fil et qui se faufile en faisant le fou, sacré filou. Il explore encore et encore les décors qui sont dehors. Ce sera une sorte de bande dessiné avec ce personnage qui évolue dans de grands dessins en noir et blanc…

Mes Premières Lectures : Nos lecteurs pourront-ils vous rencontrer en dédicace prochainement ?

Raphaël Garnier : Je serais présent au Salon de Montreuil sur le stand des éditions Amaterra le dimanche 2 décembre de 10h à 12h et le 12 décembre à l’Atelier Canopé de la Haute-Marne à Chaumont, pour un atelier qui sera suivi d’une séance de signature.

 

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