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Rencontre avec Silène Edgar pour parler magie et Petite Souris !

Rencontre avec Silène Edgar pour parler de sa dernière parution aux éditions Scrineo : On a tué la Petite Souris !

« – Tu crois qu’il y a une fabrique de Petites Souris ? Qu’elles apparaissent comme ça, sorties de nulle part ?

Heu… oui. »

On a tué la Petite Souris de Silène Edgar, illustré par Noëmie Chevalier.

Mes Premières Lectures : Bonjour Silène, et merci de prendre le clavier pour nous répondre. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Silène Edgar : Bonjour à tous, merci de m’accueillir dans ces pages ! Je suis autrice professionnelle depuis une dizaine d’années et à plein temps depuis trois ans ; j’écris pour les adultes et pour les ados, principalement, en particulier des romans historico-fantastiques comme 14-14, mon livre le plus connu. Cette année, avec On a tué la Petite Souris, je me suis lancée un défi : écrire pour les enfants. Je vais même faire paraître un album pour les petits enfants dans 3 mois, chez La Cabane bleue. Mais je n’abandonne pas les ados avec la parution de 8848 mètres en avril chez Casterman, un livre sur l’Everest, et les adultes avec la réédition de ma novella d’anticipation, Fortune cookies, en septembre.

Mes Premières Lectures : Votre dernier roman On a tué la Petite Souris est sorti en janvier chez Scrineo, illustré par Noëmie Chevalier. C’est un court ouvrage, dit de première lecture et destiné aux jeunes lecteurs. La mise en page est également adaptée. L’écriture est-elle alors un peu différente dans sa construction ?

Silène Edgar : Oui, l’écriture a été différente à deux niveaux : dans le ton, d’abord, puisque ma première version était trop ironique, trop décalée et donc inadaptée à de jeunes lecteurs. Cassandra O’Donnell, qui m’a dirigée sur cet ouvrage, m’a aiguillé pour choisir un ton plus propice à mon public et l’ironie a disparu, mais pas l’humour, enfin, je crois ! Dans un second temps, j’ai travaillé avec ma fille Romane, qui avait 8 ans, pour vérifier que le lexique était compréhensible : elle a surligné tout ce qui lui semblait obscur et j’ai choisi avec elle des termes plus adéquats.

Mes Premières Lectures : Vous n’y allez pas de main morte car, d’emblée, vous tuez la Petite Souris (ce qui intéresse particulièrement Smoke, le chat de la maison). Comment avez-vous eu l’idée de ce récit, qui mêle habilement magie, croyance de l’enfance et légendes bretonnes ?

Silène Edgar : Mon père étant éducateur spécialisé, et moi ayant été enseignante 15 ans, j’ai eu une formation solide en psychologie infantile : je suis particulièrement touchée par ce moment subtil de l’enfance où l’on sort de la pensée magique pour entrer dans « l’âge de raison », ce moment où cessent d’exister la souris et le père noël. Cela coïncide aussi parfois avec la perception de la mort comme définitive. De fait, j’ai imaginé cette histoire de souris qui meurt et qui va être remplacée, ressuscitée en quelque sorte, grâce à la rencontre avec la mort elle-même : l’Ankou fait moins peur à Louanne que la perte de sa pensée magique, elle est prête à affronter quelque chose de bien plus obscur pour ne pas rompre avec l’enfance.

J’ai choisi l’Ankou et la Bretagne car je suis bretonne de naissance et que je pensais que tout le monde connaissait l’Ankou… d’autant qu’il apparaît dans un album de Spirou ! Mais en fait, non, ça a été surprenant pour moi, je suis donc ravie de le faire connaître !

Mes Premières Lectures : À la manière de James Matthew Barrie, pensez-vous que si on arrête de croire aux fées, à la Petite Souris ou à la magie, celles-ci disparaissent ?

Silène Edgar : Le fait que la pensée magique perdure à l’âge adulte est considéré comme un des « symptômes » du syndrome de Peter Pan, un trouble qui n’a jamais été étudié scientifiquement mais qui désigne ces adultes qui gardent des sentiments et des croyances d’enfants. En fait, à l’heure où l’imaginaire, la SF, la fantasy, sont des genres si appréciés de par le monde, je pense pour ma part, que ne pas renoncer complètement à ces croyances est un gage de bonne santé intellectuelle. Sans croire mordicus qu’un gros bonhomme barbu va essayer de rentrer dans ma maison pour y déposer des cadeaux à Noël, je suis capable, le temps d’un livre ou d’un film, d’accepter qu’une forme de magie existe et ce n’est pas de l’immaturité. La magie est une métaphore qui permet de parler, de nommer, d’appréhender la réalité et je vis mieux avec cette lecture du monde par images.

Je suis bien plus capable d’affronter les démons du quotidien grâce à ces œuvres où la petite souris existe.

Mes Premières Lectures : Retrouvera-t-on Louanne et Smoke dans d’autres aventures ? On s’inquiète un peu pour le Père Noël…

Silène Edgar : Il est bien possible que nous les retrouvions, mais je ne pense pas m’occuper du Père Noël… Je comptais plutôt aborder une autre question essentielle : est-ce que les grenouilles sont réellement susceptibles de se transformer en princes ?

Mes Premières Lectures : Un mot sur les illustrations de Noëmie Chevalier ?

Silène Edgar : Ça a été un honneur incroyable pour moi d’apprendre que Noëmie Chevalier ferait les illustrations : j’admire son travail depuis que je l’ai découverte, au moment où elle a illustré L’ogre en cavale de Paul Beorn. Du coup, j’étais surexcitée et j’ai pleuré d’émotion en voyant ce qu’elle avait choisi d’illustrer dans le roman, et la justesse de son regard.

J’avais demandé simplement que Smoke soit gris et angora pour qu’il ressemble au vrai Smoke, pour le reste, elle a fait ce qui lui semblait bon et… c’était exactement comme dans ma tête !

Illustration de Noëmie Chevalier

Mes Premières Lectures : Avez-vous d’autres projets en cours ?

Silène Edgar : Outre les livres à paraître et qui sont pratiquement achevés, je travaille actuellement sur plein de choses : je prépare un essai sur Harry Potter, j’écris une trilogie de fantasy, je prépare un nouveau roman historico-fantastique et je réfléchis à un roman post-apo. Et puis bien sûr, il y a cette histoire de grenouilles… Bref, c’est l’ébullition en ce moment !

Mes Premières Lectures : Y a-t-il des salons ou des dédicaces où nos lecteurs pourront vous rencontrer prochainement ?

Silène Edgar : Oui, je serai à Miramas le 7 mars, au salon du livre de Paris les 20-21 et 22 mars, puis à Binic le week-end suivant. Ensuite ce sera fin avril : les Intergalactiques à Lyon, début mai Imagin’ère à Angers et mi-mai les Imaginales à Épinal. Je termine la saison à Bordeaux les 20 et 21 juin pour le premier festival de SF de la région. Enfin, après la pause estivale, je serai à Lire en poche en octobre.

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