Sous le sapin 2020 : Sandrine Scardigli

Nous avons demandé à plusieurs acteurs et actrices du livre des conseils de lecture jeunesse ou adultes, des pépites, des découvertes à placer impérativement sous le sapin ou à offrir autour de soi ! Voici ceux de Sandrine Scardigli !

Mes Premières Lectures : Bonjour, et merci de prendre la parole sur le site ! Qui êtes-vous ?

Sandrine Scardigli : Par ordre décroissant du temps passé lors de mes heures éveillées, je suis libraire, éditrice et autrice, après avoir eu bien d’autres casquettes (correctrice, blogueuse, chef de projet, formatrice… et j’en passe !)

Mes Premières Lectures : Quels sont vos coups de cœur et découvertes à glisser impérativement sous le sapin cette année ? (récents ou non !)

Sandrine Scardigli : Il y en a des tas d’autres, difficile de choisir ! Évidemment, mon cœur va aux livres édités par Gephyre : si je n’en étais pas follement amoureuse, nous ne passerions pas notre temps libre avec mon collègue Paul à les travailler, les bichonner, les imprimer, les présenter aux libraires… Ce sera donc mes premiers coups de cœur :

  • il y a le très original Du fond de mon urne de Maëlig Duval, qui nous entraîne au funérarium, sur l’étagère de la salle des urnes, où l’on découvre que les âmes « enurnées » discutent, papotent, complotent, chantent et même tombent en amour ! Et où se confirme le fait que la mort ne va pas aider Romy, pas franchement contente de n’avoir pas été jetée à la mer après son incinération, à communiquer avec sa mère…
  • l’autre titre d’après confinement est le bien nommé Harmonie de Stéphane Pavanelli, qui nous fait voyager aux côtés de Sandro à Lisbonne ; ce lycéen passionné de musique est attachant à souhait, et on le suit dans son apprentissage de la musique (et de l’amour) dans un roman d’initiation là aussi hors normes où, comme le dit Stéphane, « les scènes d’action sont les scènes au piano ». Avec une préface du grand pianiste Baptiste Trotignon qui nous a livré un joli texte, tout en finesse, sur ce que représente l’harmonie pour lui.

Ces deux livres ont en commun le soin qu’apportent Maëlig et Stéphane à leur écriture, l’amour qu’on sent pour leurs personnages et l’originalité des intrigues. Il y a eu aussi les deux volumes de la saison finale de Toxic de Stéphane Desienne, un planet opera où le monde végétal est loin d’être « peace and love »… extra !

Grâce à la librairie, j’ai découvert une jeune et talentueuse maison d’édition, les éditions du Panseur, dont les trois titres sont des bijoux. Le dernier en date : Minuit sur le monde de Jules Pétrichor, raconte les pérégrinations de Lui, jeune Irlandais, qui ne veut rien tant qu’aider son prochain et s’engage auprès de jeunes en Afrique et en Europe – alors même que le monde est plongé dans une nuit perpétuelle. Un très beau récit, qui fourmille de références, intelligent, émouvant… Avant ça, c’était l’incroyable Le Quatrième roi mage d’Antonio Exposito, un roman au souffle épique, qui nous transporte à travers une histoire d’amour gigantesque du pôle nord à Jérusalem… wouha !

Un roman dont je suis sortie de la lecture tremblante d’émotion est le bouleversant Milly Vodovic, de Nastasia Rugani, en poche chez Gallimard Jeunesse et en grand format chez MeMo : un roman mille-feuilles, avec des thèmes très durs comme le racisme vécu par Milly et sa famille, les disparitions et les violences sur les enfants, les armes à feu… mais aussi la création et le lien entre l’artiste et son œuvre – voire l’artiste dans son œuvre.

Mes Premières Lectures : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Sandrine Scardigli : Pour Gephyre, nous préparons les titres de l’an prochain ; j’ai donc commencé la correction des nouvelles au sommaire de l’anthologie Marmite & Micro-ondes, et le travail éditorial pour un des romans de l’automne (chuuuuut ! 😊).

Je travaille (pour moi !) un roman fantastique, Palimpsestes sur la colline, qui se déroule durant l’été 1989 : à travers la correspondance de Chris et sa sœur Jany, ainsi que par le journal de Chris, on s’immerge dans cet été de ses 15 ans qui va être crucial – une métamorphose est en cours, et pas des moindres, en Chris comme au niveau mondial — tout en revenant sur l’importance de son histoire familiale et des légendes liées à la maison. Un roman sur la mémoire donc, qu’elle soit personnelle, générationnelle ou « topologique », sur l’importance de ses racines dans la construction d’un être… et pas que, l’année 1989 n’étant pas choisie par hasard.

Des projets de rencontres ? Après les annulations en série de 2020, je reste prudente quant à la divulgation de projets ; restons sur les espoirs : je croise les doigts pour que les salons & festivals puissent de nouveau se tenir !

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