Rencontre avec Niels Thorez, pour en savoir plus sur son bel album La fourmi, l’oiseau et le vaste monde, récemment publié aux éditions Courtes et Longues !
« Quoi ! J’ai vu l’Océan, j’ai fait le tour du monde ; cela mérite bien, je crois, quelques secondes. »
Mes Premières Lectures : Bonjour Niels et merci de prendre la parole sur Mes Premières Lectures ! Pour commencer pourriez-vous vous présenter, ainsi que votre parcours littéraire, pour nos lecteurs ?
Niels Thorez : Bonjour, et merci beaucoup pour toutes vos questions ! Je suis né à Lille, mais vis aujourd’hui en Belgique, de l’autre côté de la frontière. Cela fait maintenant quelques années que je marine dans l’univers de la littérature de jeunesse : je l’ai d’abord étudiée à l’université Lille-III, puis j’y ai travaillé en tant qu’assistant d’édition, à Paris, à Tours, ou en Belgique. Il y a un peu plus de deux ans, j’ai décidé de donner une vraie chance à mes propres textes. Depuis, quatre albums sont parus, et le cinquième est déjà en route !
Mes Premières Lectures : Vous venez de publier (pile à temps pour le 400e anniversaire de la naissance de Jean de la Fontaine à Château-Thierry) une belle fable aux éditions Courtes et Longues, illustrée par Valérie Michel : l’album La fourmi, l’oiseau et le vaste monde. Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce texte ? Comment est-il né et comment avez-vous trouvé son éditeur ?

Niels Thorez : Chez moi, tout commence souvent avec une image. Je me suis imaginé une petite fourmi qui se déplacerait sur une mappemonde, passant ainsi très facilement d’un pays à l’autre. Je me suis demandé ce qu’elle pourrait avoir à nous dire de ses « voyages ». Je lui ai trouvé un partenaire, l’oiseau. C’était parti… À cette époque, j’avais songé à La Fontaine, bien sûr (qui n’y penserait pas en écrivant une fable dont le protagoniste est une fourmi ?), mais pas nécessairement à cet anniversaire. Pour moi, c’est presque un heureux hasard.
Ensuite, j’ai adressé le texte à quelques éditeurs, comme on envoie une bouteille à la mer… Quinze mois plus tard, j’ai reçu un appel : le texte avait séduit l’équipe des Éditions courtes et longues ; La Fourmi, l’Oiseau et le Vaste Monde allait paraître.
L’histoire est belle : sept ans plus tôt, je faisais mes premières armes d’éditeur aux côtés de Jean Poderos. J’avais depuis longtemps l’envie de retravailler avec lui, mais encore fallait-il trouver le texte qui pourrait concrétiser ce projet. Les Éditions courtes et longues ont déjà publié de très belles fables par le passé (Les Animaux malades de la peste, Le Héron et l’Escargot, etc.), et je suis très heureux que mon texte rejoigne aujourd’hui leur catalogue.
Mes Premières Lectures : Pourquoi ce choix de format assez particulier, celui d’une fable ? Et quelle serait alors la morale de votre ouvrage ?
Niels Thorez : La fable a vraiment beaucoup d’atouts ! Elle raconte une histoire, bien sûr, mais elle le fait sur un ton qui, à mon avis, est particulièrement plaisant. La fable se situe quelque part à mi-chemin entre le théâtre et la poésie. Elle est rythmée par les dialogues, mais aussi par les rimes et les beaux mots – j’invite d’ailleurs les lecteurs à lire ou à se faire lire le texte à voix haute pour mieux en profiter ! Le texte a vraiment été plaisant à écrire, et j’espère que l’on peut le ressentir à la lecture.
Au bout du compte, la chute discrédite la fourmi et ses semblables : son verbiage, son arrogance, ne compensent pas ses lacunes et ne l’autorisent pas à prétendre qu’elle a fait le tour du monde, quand elle a seulement fait celui d’une mappemonde. L’album est donc une invitation au voyage aux sens propre et métaphorique : pour connaître le monde, il existe plusieurs voies, mais ce qui est certain, c’est qu’on ne peut faire l’économie du parcours, du cheminement. Certains, comme notre oiseau, voleront de pays en pays ; d’autres plongeront peut-être plutôt dans la lecture ; mais tous, nous devons prendre notre temps et avancer pas à pas.
Mes Premières Lectures : Vous vous sentez plutôt oiseau ou fourmi (ou vaste monde ? 😉) ?
Niels Thorez : Le texte valorise plutôt l’oiseau, mais la fourmi conserve toute ma sympathie. D’ailleurs, la morale le souligne : le fabuliste a quelque chose de la fourmi, dès lors qu’il est lui-même un beau parleur qui passe le plus clair de son temps à travestir le réel et à conter de belles histoires à qui veut bien les écouter…

Mes Premières Lectures : Un mot sur les belles illustrations de Valérie Michel ? Qu’est ce que cela fait de voir son récit prendre vie et couleurs ?
Niels Thorez : J’ai eu la chance de pouvoir suivre le travail de Valérie étape après étape, et c’était un réel plaisir de voir le projet évoluer. À mon avis, ses images sont vraiment remarquables ! D’abord, elles soutiennent la compréhension du texte et ancrent l’univers de la fable dans le cadre réaliste d’un salon bourgeois dont les murs sont entièrement recouverts de tableaux, photographies et autres souvenirs de voyages. Toutes ces images dans l’image offrent au lecteur autant d’occasions de s’arrêter sur la page, de faire escale pour mieux la déchiffrer et en apprécier la richesse. En fait, l’illustration duplique donc le message du texte : hé ! n’allez pas trop vite en besogne, observez, découvrez, voyagez… Ensuite, les illustrations ajoutent à la poésie du texte, avec de nombreuses propositions symboliques, comme cette oiseau pris au piège d’un globe terrestre qui a pris des allures de cage, ou comme cette fourmi à l’égo gargantuesque qui enjambe la Grande Muraille. Et puis, dans les dernières pages – et sur la couverture ! –, il y a aussi cette grande bibliothèque, pleine à craquer, qui ajoute au foisonnement de l’image, mais aussi à la richesse du texte, puisqu’elle élargit le thème du voyage à celui de la découverte, de la recherche et de l’apprentissage. En bref, je remercie chaudement Valérie pour sa lecture, et je suis sûr que ses images enchanteront les jeunes lecteurs !
Mes Premières Lectures : Si vous deviez choisir l’un des titres présentés dans la belle bibliothèque de ce vaste salon bourgeois, lequel serait-il ?
Niels Thorez : Et pourquoi pas Géographie lunaire. Voilà un titre qui invite au voyage ! L’espace est un thème à la mode, que j’aime aussi beaucoup et qui fait rêver les enfants. D’ailleurs, c’est un petit secret, l’histoire de mon prochain album se déroulera sur la planète Mars…
Mes Premières Lectures : Quels sont vos prochains projets littéraires ? Je crois savoir que vous avez également publié deux ouvrages aux éditions Lirabelle, pourriez-vous nous les présenter rapidement ?
Niels Thorez : Nous y voilà ! Avec les Éditions courtes et longues, je prépare déjà un nouvel album : il s’agit d’un conte de Noël… sur Mars ! J’ai vraiment hâte de le voir prendre forme, et j’espère pouvoir revenir vous en parler très bientôt.
Au mois d’avril, chez Lirabelle, viennent de paraître deux beaux albums que je vous invite également à découvrir. Salo(o)n, illustré par Anne Sol, raconte l’extraordinaire après-midi de deux cowboys dans un Far West un peu particulier, pur produit de leur imagination. Illustré par Cécile Serres, Un si long été narre les périlleuses pérégrinations d’un ours blanc dans un Grand Nord où il fait maintenant chaud, trop chaud… Ce sont aussi deux superbes ouvrages et, là encore, de vraies invitations au voyage.
Mes Premières Lectures : Malgré la situation sanitaire compliquée, avez-vous quelques dédicaces ou rencontres de prévues ?
Niels Thorez : La crise a beaucoup compliqué les choses, et nous attendons qu’elle soit derrière nous pour organiser de tels événements. Je croise les doigts pour que cela soit pour bientôt ! D’ici là, j’aurai l’immense chance de pouvoir présenter mon travail dans quelques classes de primaire, ici, en Belgique. Je reste aussi très disponible sur les réseaux sociaux, et notamment sur Instagram.
Merci encore, et à bientôt !